Cédric - Samedi 6 Juillet 2024

Le jeûne stimule les cellules immunitaires pour combattre le cancer

Les recherches récentes montrent que le jeûne pourrait renforcer le système immunitaire, en particulier les cellules tueuses naturelles (NK), pour mieux lutter contre le cancer. Ces résultats proviennent d'une étude menée par une équipe du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSK), révélant que le jeûne peut reprogrammer le métabolisme des cellules NK, leur permettant de survivre dans l'environnement hostile des tumeurs tout en améliorant leur capacité à combattre le cancer.


Les cellules NK sont un type de globules blancs capables de détruire les cellules anormales ou endommagées, comme celles du cancer ou infectées par un virus, sans nécessiter une exposition préalable. Contrairement aux cellules T, elles n'ont pas besoin d'une rencontre antérieure avec l'ennemi pour réagir.


L'étude, dirigée par Rebecca Delconte et publiée dans Immunity, démontre pour la première fois que le jeûne peut modifier le métabolisme des cellules NK, améliorant ainsi leur efficacité. Joseph Sun, l'un des auteurs principaux, explique: "Les tumeurs sont très gourmandes. Elles absorbent les nutriments essentiels, créant un environnement riche en lipides, souvent néfaste pour la plupart des cellules immunitaires. Notre étude montre que le jeûne reprogramme ces cellules NK pour mieux survivre dans cet environnement hostile."

Les souris cancéreuses de l'étude étaient soumises à un jeûne de 24 heures deux fois par semaine, suivi d'une alimentation libre. Ce régime n'a pas entraîné de perte de poids, mais a eu un impact significatif sur les cellules NK. En effet, le jeûne a conduit à une redistribution des cellules NK dans le corps. Beaucoup ont migré vers la moelle osseuse, où elles ont été exposées à de hauts niveaux d'Interleukine-12, stimulant leur production d'Interféron-gamma, une cytokine essentielle pour les réponses anti-tumorales. Par ailleurs, les cellules NK dans la rate ont été reprogrammées pour utiliser les lipides comme source d'énergie.

Rebecca Delconte explique: "Lors de chaque cycle de jeûne, les cellules NK apprenaient à utiliser ces acides gras comme carburant alternatif au glucose. Cela optimise leur réponse anti-cancer car l'environnement tumoral contient une forte concentration de lipides, leur permettant ainsi de pénétrer et de survivre mieux dans la tumeur grâce à cet entraînement métabolique."

Bien que ces résultats soient prometteurs, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre si ces effets se produisent également chez les humains. Neil Iyengar, un oncologue du MSK spécialisé en régime, métabolisme et cancer, non impliqué directement dans l'étude, souligne l'importance de consulter un médecin avant d'entamer un régime de jeûne, car tous les types de jeûne ne sont pas bénéfiques pour chaque patient.


Les chercheurs envisagent plusieurs pistes pour transposer ces résultats des modèles murins à l'Homme. Des essais cliniques sont déjà en cours pour évaluer la sécurité et l'efficacité du jeûne en combinaison avec les traitements standards. Une autre voie serait de développer des médicaments ciblant les mécanismes sous-jacents sans nécessiter le jeûne. Enfin, les cellules NK pourraient être mises en état de jeûne en dehors du corps avant d'être administrées pour améliorer les effets des traitements.
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