Publication dans le Journal of Cell Biology: des chercheurs de l'ULB (IRIBHM) identifient l'origine embryonnaire des cellules de Merkel. Leur recherche se poursuit sur un cancer très agressif, le carcinome de Merkel. Les cellules de Merkel sont des cellules neuroendocrines qui résident dans l'épiderme des vertébrés et qui jouent un rôle important dans la sensation du toucher. Depuis leur découverte en 1875 par l'anatomiste Friedrich Merkel, leur origine embryonnaire ainsi que leur fonction exacte restaient controversées.
Les cellules de Merkel présentent de nombreuses caractéristiques des cellules neuronales (notamment l'expression de facteurs connus comme stimulant l'identité neuronale, de nombreux composants de la machinerie synaptique, des facteurs secrétés par les neurones), ce qui laisse penser que les cellules de Merkel proviendraient des cellules neurales. Les cellules de Merkel présentent aussi des caractéristiques des cellules épithéliales, suggérant qu'elles pourraient dériver des cellules épithéliales de la peau.
Au sein de l'Institut de recherche interdisciplinaire en biologie humaine et moléculaire de l'ULB – laboratoire de Cédric Blanpain -, Alexandra Van Keymeulen et Guilhem Mascré ont utilisé de nouveaux outils génétiques afin de déterminer l'origine embryonnaire des cellules de Merkel ainsi que les mécanismes qui gouvernent leur spécification et leur maintien à l'âge adulte. Leurs travaux sont publiés dans le Journal of Cell Biology du 5 octobre.
Pour la première fois, les chercheurs de la Faculté de médecine ULB montrent que les cellules de Merkel ne proviennent pas des cellules neuronales mais bien des cellules épithéliales de la peau. Ils observent que durant la vie adulte, les cellules de Merkel se renouvellent lentement et que les cellules souches de l'épiderme sont à la base de ce renouvellement.
Enfin, les chercheurs montrent que l'expression d'un facteur pro-neural connu sous le nom d'Atonal dans les cellules épithéliales de la peau est nécessaire à la spécification des cellules de Merkel. L'invalidation de ce gène dans les cellules de la peau conduit à l'absence de spécification des cellules de Merkel et offre le premier modèle animal totalement dépourvu de ces cellules.
Cette étude ouvre des perspectives très intéressantes. Elle permettra de mieux comprendre la fonction exacte des cellules de Merkel et de déterminer l'origine et les mécanismes moléculaires qui sont impliqués dans la formation d'un cancer rare mais extrêmement agressif chez l'homme connu sous le nom de carcinome de Merkel.
Les chercheurs de l'IRIBHM en collaboration avec le Dr Hassan, VIB/KUL tentent maintenant d'établir le premier modèle animal de ce cancer. Ces résultats ouvrent de nouvelles voies pour comprendre comment des cellules ressemblant à des neurones sont générées à partir de l'épiderme, permettant peut-être d'imaginer de nouvelles manières pour générer des neurones à partir des cellules épidermiques, un tissu facilement accessible.
Cette étude est publiée dans le Journal of Cell Biology du 5 octobre et est accompagnée d'un commentaire éditorial:
Epidermal progenitors give rise to Merkel cells during embryonic development and adult homeostasis
A. Van Keymeulen, G. Mascre, K.K. Youseff, I. Harel, C. Michaux, N. De Geest, C. Szpalski, Y. Achouri, W. Bloch, B.A. Hassan, and C. Blanpain