Michel - Vendredi 16 Juillet 2010

IASI traque l'ozone de la troposphère

Développé par le CNES, l'instrument météorologique IASI, embarqué en 2006 à bord du satellite MetOP-A, vient de faire le rapprochement entre les cycles des saisons et la présence d'ozone mesurée dans l'atmosphère terrestre.

3 métropoles chinoises


Depuis plus de 20 ans, les observations d'ozone par satellite se sont majoritairement focalisées sur les problématiques liées à l'ozone stratosphérique, analysant le fameux "trou" dans les hautes couches de l'atmosphère. IASI, instrument embarqué à bord du satellite météorologique européen MetOP-A d'Eumetsat et conçu par le CNES, a permis de livrer des analyses de l'ozone présente dans la troposphère depuis l'espace avec une précision jamais atteinte auparavant.


La troposphère est la couche de l'atmosphère qui monte jusqu'à 15 km d'altitude
et qu'il était difficile d'analyser par satellite auparavant.

"IASI a été conçu dans le but de fournir des profils de température et d'humidité. Cependant, l'instrument est très performant pour l'analyse de divers éléments chimiques tels que l'ozone, le monoxyde de carbone ou encore le méthane" précise Didier Renaut, responsable du programme au CNES.

Le LISA (1) en a profité pour publier un article au mois de juin sur l'évolution quotidienne de l'ozone en 2008 au dessus de 3 métropoles chinoises: Pékin, Shanghai et Hong Kong.


Contrairement à ce qui se passe en Occident, l'ozone troposphérique
au-dessus des 3 métropoles chinoises diminue en été.
Crédits: G. Dufour et al.


La qualité de l'air avec IASI ?



Le résultat est surprenant car il met en évidence des variations d'ozone plus ou moins grandes dans la troposphère suivant les cycles saisonniers.

Le laboratoire a pu en déduire les quantités d'ozone présentes dans la basse troposphère (entre 0 et 6 km d'altitude). Il en a conclut qu'en Occident, l'ozone augmente progressivement de mars à la fin de l'été tandis qu'il diminue entre juin et aout en Orient, le phénomène climatique de la mousson véhiculant de l'air frais dans les basses couches de l'atmosphère.

IASI sera-t-il l'instrument clé pour analyser la qualité de l'air à l'avenir ? "Pour suivre les variations diurnes de la qualité de l'air, il faudrait qu'un instrument de ce type soit embarqué à bord d'un satellite géostationnaire. Or, MetOP-A est un satellite défilant qui repasse au-dessus d'un même point 2 fois par jour uniquement" indique Didier Renaut.



Le nuage de cendres du volcan islandais vu par IASI en avril dernier.
Cliquer sur l'image pour visualiser l'animation.
Crédits: L. Clarisse (ULB)/ C. Clerbaux (LATMOS-CNRS).

Depuis son lancement, IASI a apporté d'importantes contributions: "Une carte des émissions d'ammoniac a pu être réalisée et IASI a aussi permis d'analyser le nuage de cendres volcaniques au dessus de l'Europe tout récemment", ajoute le spécialiste.

MetOP-A a une durée de vie de 6 ans. 2 autres satellites de la même classe seront lancés en 2012 et 2016 avec chacun un instrument IASI identique au 1er, dans le cadre d'un programme conjoint CNES/Eumetsat qui devrait s'étendre sur 15 ans.


Note:

(1) Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques à Paris et Créteil (Universités Paris 12 et Paris 7, CNRS).
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
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