Les scientifiques planétaires utilisent le télescope spatial Hubble pour des reconnaissances d'emplacements potentiels pour des bases habitées sur la Lune. Des missions précédentes avaient déjà observé la Lune sous certaines longueurs d'onde, mais aucune encore n'avait utilisé la résolution de Hubble aux longueurs d'onde ultraviolettes. Le télescope est capable d'identifier des détails de 50 mètres de large sur le sol lunaire.
L'astronaute Harrison H.Scmitt à coté d'un énorme
rocher lunaire, lors de la mission Apollo 17
"Nous essayons de vérifier le potentiel du spectre ultraviolet pour analyser les ressources lunaires", indique Bruce Hapke, de l'Université de Pittsburgh en Pennsylvanie, membre d'une équipe de six chercheurs menés par le scientifique en chef de la NASA, Jim Garvin, en charge d'utiliser Hubble pour observer la Lune.
En particulier, l'équipe espère pouvoir identifier un minerai appelé ilménite, un oxyde de fer et de titane, qui a été précédemment trouvé dans les échantillons de sol lunaire. "Il possède des propriétés qui seraient utiles pour une base lunaire", précise Hapke. Il contient de l'oxygène, qui pourrait être extrait et utilisé, ainsi que de l'hydrogène et de l'hélium absorbés du vent solaire. Le chauffage du minerai libérerait ces gaz, qui pourraient alors être employés comme source d'énergie pour la base, selon Hapke. Le fer du minerai pourrait par la suite être employé pour produire des matériaux de construction, tels que l'acier, pour les bâtiments lunaires.
L'ilménite a été trouvé en différentes concentrations dans les multiples secteurs visités par les astronautes d'Apollo il y a plus de trois décennies. Hubble a observé deux de ces emplacements, où les astronautes d'Apollo 15 et d'Apollo 17 ont atterri en 1971 et 1972. "Nous observons ces deux emplacements parce que nous savons ce qu'il s'y trouve", poursuit Hapke, qui était investigateur principal pour l'analyse des échantillons lunaires des missions Apollo. "C'est un excellent moyen de calibrer nos données pour l'étude de la Lune dans le domaine ultraviolet".
Un océan de magma
Hubble a également analysé un troisième emplacement, un cratère de 42 kilomètres de large appelé Aristarchus, près de l'équateur lunaire. Le cratère se trouve près du bord d'un plateau qui surplombe d'environ 2 kilomètres les vastes plaines de lave qui l'entourent.
Des observations précédentes suggèrent que l'impact qui l'a créé ait expulsé des matériaux du plateau et des plaines, qui ont pu être par le passé recouverts par un océan de magma. Cet éjecta est susceptible de contenir des minerais très utiles. Le vaisseau spatial Clémentine a examiné la région dans le domaine visible et le proche infrarouge et Hapke indique que d'après les mesures faites à de plus longues longueurs d'onde, il semble qu'il y a là un certain nombre des zones où des minerais de grand intérêt sont exposés.
La NASA compte révéler les résultats des observations de la Lune par Hubble au début du mois d'octobre 2005.