Des scientifiques ont identifié chez les grands singes des séquences d'ADN capables de former des structures non conventionnelles, appelées ADN non-B. Ces configurations joueraient un rôle clé dans la régulation des processus cellulaires et l'évolution du génome. Les régions répétitives du génome, longtemps inaccessibles, sont maintenant analysées grâce à des technologies de séquençage avancées.
Une équipe de recherche a utilisé des assemblages génomiques complets, dits de télomère à télomère, pour prédire la localisation de ces structures. Ces données permettent d'étudier des zones auparavant inexplorées en raison de leur nature répétitive. Les résultats, publiés dans
Nucleic Acids Research, montrent une concentration élevée d'ADN non-B dans ces régions nouvellement séquencées.
Les structures ADN non-B incluent des formes comme les G-quadruplexes et l'ADN-Z, associées à des fonctions cellulaires spécifiques. Leur présence dans des zones clés comme les télomères et les centromères suggère un rôle dans la stabilité chromosomique. Le génome du gorille, particulièrement riche en ADN répétitif, présente également plus de motifs potentiels pour ces structures.
Ces découvertes pourraient éclairer des mécanismes impliqués dans des maladies génétiques et certains cancers. Par exemple, une translocation chromosomique liée au syndrome de Down montre une forte concentration d'ADN-Z à son point de rupture. Cela indique une possible implication des structures non-B dans les réarrangements chromosomiques.
Les chercheurs ont validé expérimentalement la formation de certaines de ces structures, mais la majorité d'entre elles nécessite des investigations supplémentaires. Le contexte cellulaire et génomique influence probablement leur apparition et leur fonction. Cette étude ouvre la voie à une meilleure compréhension de la diversité structurelle de l'ADN et de son impact sur la biologie.
Pourquoi les génomes des grands singes sont-ils si importants ?
Les grands singes partagent une grande partie de leur ADN avec les humains, ce qui en fait des modèles précieux pour étudier l'évolution et les maladies humaines. Leurs génomes contiennent des régions répétitives similaires, difficiles à analyser jusqu'à récemment.
Les assemblages complets de télomère à télomère offrent une vue sans précédent de ces zones. Ils révèlent des différences et des similitudes dans la distribution des structures d'ADN non-B entre les espèces.
Cette comparaison aide à comprendre comment ces structures ont évolué et quelles fonctions elles pourraient avoir. Elle éclaire également les mécanismes généraux de l'évolution du génome chez les primates.