Isabelle - Vendredi 27 Avril 2012

Le goût de la marche


Pour que les ados marchent davantage, les autobus scolaires pourraient s'arrêter un peu plus loin de la porte d'entrée, suggèrent les chercheurs.
Pour encourager les ados à bouger, les efforts doivent porter là où ils passent beaucoup de temps: à l'école.

Fini le temps où les élèves du secondaire se rendaient à pied à l'école de leur quartier le matin, revenaient chez eux le midi avant de repartir pour la classe et rentrer à la maison à la fin de la journée. De nos jours, pour se rendre à l'école, les adolescents utilisent plutôt le transport en commun ou l'autobus scolaire, quand ce ne sont pas leurs parents qui les conduisent en voiture.

La popularité des écoles publiques offrant un programme spécialisé, de même que les écoles privées, y est pour beaucoup dans ce changement: ces écoles attirent en effet une clientèle dispersée sur le territoire prête à faire des kilomètres en voiture ou en autobus pour y étudier. À preuve, les écoles publiques, qui ne proposent pas de programme spécialisé, sont celles où on se rend le plus à pied. Pour faire marcher les ados et améliorer du même coup leur qualité de vie, il faut donc concentrer les efforts là où ils passent beaucoup de temps, c'est-à-dire à l'école.

Un lieu convivial



C'est l'un des constats d'une étude multidisciplinaire menée principalement par une équipe de chercheurs en géographie, architecture et en éducation physique de l'Université auprès de 240 élèves de 4e secondaire étudiant dans 10 écoles de l'agglomération de Québec, dont 5 publiques et 5 privées. L'étude visait à mieux connaître les habitudes de vie des ados en termes de déplacements quotidiens, d'habitudes alimentaires et d'activité physique. Les résultats ont été présentés lors de l'évènement "15 ans et la ville devant soi" qui a eu lieu récemment au Musée de la civilisation.

Les chercheurs ont ainsi découvert que l'offre alimentaire à distance de marche de l'école, qu'il s'agisse d'épiceries, de dépanneurs ou de chaînes de restauration rapide, incitait fortement les ados à marcher sur l'heure du midi. Mais la nourriture ne représentait pas le principal facteur d'activité physique puisque la majorité des participants apportaient leur repas.

"Les jeunes souhaitent se trouver dans un lieu convivial avec leurs amis où le coût des mets n'est pas trop élevé. Souvent, ils ne veulent que compléter leur repas avec une boisson gazeuse ou un dessert", explique Nabila Bachiri, doctorante en aménagement du territoire et développement régional et l'une des chercheuses principales de l'étude, avec Catherine Dufour, étudiante à la maîtrise en kinésiologie.

Plus loin que la porte


Une ombre au tableau: la faible présence d'aliments sains dans les commerces situés aux abords des écoles, particulièrement en ce qui concerne les boissons et les desserts. Faudrait-il donc rehausser la qualité de la nourriture offerte à la cafétéria et soigner davantage l'aménagement des lieux ? Poser la question, c'est y répondre, croit Nabila Bachiri. Cela dit, l'offre alimentaire ne constitue qu'un aspect parmi d'autres quant à cette volonté de diversifier les choix.


"Il faudrait aménager les cours de récréation pour que les élèves aient le goût d'y rester, explique Nabila Bachiri. Ce n'est pas tout d'installer deux ou trois tables à pique-nique, encore faut-il savoir exploiter les lieux intelligemment. Aux abords de certaines écoles, l'espace consacré au stationnement est tout simplement hallucinant. Au lieu de déposer les élèves juste devant la porte de l'école, les autobus scolaires pourraient prendre ou faire descendre les élèves un peu plus loin, pour qu'ils puissent marcher davantage."
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales