Les deux satellites du projet STEREO de la NASA viennent d'être lancés avec succès depuis Cap Canaveral. Cette mission spatiale a pour objectif l'étude des éjections de matière, ou éjections de masse coronale, qui ont lieu dans l'atmosphère du Soleil, et leurs impacts sur l'environnement terrestre. Des équipes françaises associées au CNRS participent, avec le soutien du CNES à trois des quatre instruments embarqués à bord de chacune des deux sondes.
Vue d'artiste de la mission STEREO
Le projet STEREO est une mission de la NASA dont les instruments ont été conçus et réalisés par des scientifiques américains et européens. Il consiste au lancement par la même fusée de deux satellites qui suivront une orbite proche de celle de la Terre, l'un prenant progressivement de l'avance par rapport à l'autre. Ces deux satellites permettront ainsi l'observation stéréoscopique de certaines éruptions solaires.
Ce projet fait partie du programme scientifique international de l'étude des relations Soleil-Terre, qui a pour mission l'analyse des éjections de matière constituant le vent solaire et l'effet de ce vent solaire sur l'environnement terrestre. L'objectif principal du projet STEREO est l'étude des éjections de masse coronale (CME). Ces éjections de matière ont lieu dans la couronne solaire, la partie la plus haute de l'"atmosphère" de notre étoile, où les températures peuvent atteindre le million de degrés. Plusieurs milliards de tonnes de matière peuvent être éjectées par une CME avec des vitesses de plus de 300 000 km/h. Cette matière éjectée à grande vitesse peut atteindre notre planète et entrer en interaction avec la magnétosphère puis avec l'atmosphère terrestre pour y induire une multitude de phénomènes: aurores boréales, irradiation des spationautes, perturbations des communications radios ou de la distribution de l'électricité... Les processus physiques déclencheurs de ces éjections sont très mal connus, le rôle du champ magnétique et la reconnexion de ses lignes de champ étant certainement un élément clé.
Influence du vent solaire sur l'environnement terrestre
Les satellites du projet STEREO analyseront les régions où se produisent les CME, et caractériseront la matière éjectée par des mesures in situ du vent solaire lorsqu'il atteindra l'orbite de la Terre. Pour ce faire, chacun des satellites de STEREO est équipé de quatre instruments. Les équipes françaises associées au CNRS, avec le soutien du CNES, ont participé à l'élaboration de trois d'entre eux:
- STEREO/WAVES (S/WAVES) est un instrument qui suivra les sursauts radio interplanétaires et étudiera la genèse et l'évolution des perturbations radio provenant du Soleil. Le LESIA (CNRS, Observatoire de Paris, Universités Paris 6 et Paris 7) en est l'investigateur principal.
- SECCHI (Sun-Earth Connection Coronal and Heliospheric Investigation) est un ensemble d'instruments de télédétection constitué d'un imageur dans l'ultraviolet extrême, de deux coronographes (1) en lumière blanche et d'un imageur héliosphérique (2). Ces instruments vont étudier l'évolution en trois dimensions des CME. L'IAS (CNRS, Université Paris XI) et l'IOTA (CNRS, Université Paris XI) sont impliqués au niveau du télescope imageur. Le LESIA est co-investigateur.
- IMPACT (In situ Measurements of PArticles and CME Transients) comprend sept instruments: un analyseur d'électrons du vent solaire développé par le CESR (CNRS, Université Paul Sabatier de Toulouse), un magnétomètre et une matrice de détecteurs de particules mesurant les ions et électrons accélérés lors des CME.
- PLASTIC (PLAsma and SupraThermal Ion and Composition) est destiné à l'étude du vent solaire et des processus héliosphériques.
Les instruments à bord de chacun des satellites
Lancée par une fusée Delta II depuis Cap Canaveral en Floride, les satellites STEREO ont une mission de deux ans, avec l'espoir d'une prolongation de deux autres années. Si c'est le cas, elle permettra une observation en continu car les satellites seront diamétralement opposés par rapport au Soleil.
STEREO devrait permettre de mieux comprendre les facteurs déclenchant les éruptions solaires pour mieux les prévoir, et d'analyser le vent solaire issu de ces éruptions pour déterminer son influence sur notre environnement terrestre.