Une éruption volcanique, une onde de pression aérienne, une bulle de plasma à l'équateur et une perturbation majeure des communications par satellite: un scénario qui semble tiré d'un film de science-fiction s'est produit dans la réalité et a été documenté par une équipe internationale de scientifiques.
Éruption du volcan sous-marin de Tonga perturbant les signaux satellites à l'autre bout du monde.
Crédit: ERG Science Center
L'ionosphère est une région de l'atmosphère supérieure de la Terre, ionisée par le rayonnement solaire. C'est un endroit crucial pour les communications longue distance car elle réfléchit et réfracte les ondes radio utilisées par les systèmes de suivi par satellite et GPS. Mais cette zone peut présenter des irrégularités, comme des bulles de plasma à l'équateur (EPB), qui peuvent retarder les ondes radio et dégrader la performance des GPS.
Le passage des ondes de pression, créées par une éruption volcanique, peut perturber la densité des électrons dans l'ionosphère et ainsi créer une EPB. Une équipe de chercheurs a eu l'occasion unique d'étudier ce phénomène avec l'éruption du volcan Hunga Tonga, la plus grande éruption sous-marine observée dans l'histoire. Ils ont ainsi détecté une structure irrégulière de la densité des électrons à travers l'équateur qui s'est produite après l'arrivée des ondes de pression générées par l'éruption volcanique.
De façon surprenante, ils ont découvert que les fluctuations ionosphériques commencent quelques minutes à quelques heures avant l'arrivée des ondes de pression atmosphérique qui génèrent les bulles de plasma. Cette découverte remet en question le modèle traditionnel qui stipule que les perturbations ionosphériques ne se produisent qu'après l'éruption.
Ils ont aussi observé que l'EPB s'étendait beaucoup plus loin que ce que les modèles prévoyaient. "La formation de bulles de plasma à de telles altitudes est un phénomène très inhabituel", a déclaré l'un des chercheurs.
L'éruption du volcan a eu des conséquences insoupçonnées et perturbatrices sur les systèmes de communication mondiaux. Le formidable dégagement d'énergie et les ondes de pression ont perturbé l'ionosphère, la couche de notre atmosphère qui est cruciale pour la transmission des signaux par satellite. En effet, l'éruption a généré une EPB qui a conduit à des retards dans le cheminement des ondes radio et à une dégradation de la performance des GPS. Ces perturbations ont provoqué des problèmes sur de nombreux systèmes de navigation et de communication qui reposent sur ces signaux pour fonctionner correctement, même de l'autre coté de la Terre.
Ces résultats sont importants non seulement d'un point de vue scientifique, mais aussi pour la prévision météorologique de l'espace et la prévention des catastrophes. En cas d'événement de grande ampleur, comme l'éruption du volcan Hunga Tonga, un trou peut se former dans l'ionosphère, même dans des conditions jugées peu probables en temps normal. Cette étude pourrait contribuer à prévenir les défaillances de la communication et de la diffusion par satellite associées aux perturbations ionosphériques causées par les séismes, les éruptions volcaniques et autres événements.