Michel - Samedi 22 Septembre 2007

Deux pluies de micrométéorites fossilisées dans une carotte de glace

Des chercheurs ont découvert deux couches de micrométéorites, espacées de "seulement" 50 000 ans, dans la glace du forage européen EPICA formée en Antarctique il y a plus de 400 000 ans. Outre la rareté de tels événements et leur intérêt pour la corrélation des forages, leur survenue à un tournant de la rythmicité du climat terrestre pourrait relancer le débat sur le rôle des poussières météoritiques orbitant autour du soleil dans les grands cycles climatiques de l'ère Quaternaire.

Les deux couches de poussières visibles à l'oeil nu dans la carotte de glace EPICA forée au Dôme Concordia (Antarctique) ont fait l'objet d'études approfondies par les chercheurs du LGGE, de l'ENEA et du CSNSM (1).


Image montrant l'une des deux couches de micrométéorites visibles
à l'oeil nu dans la carotte d'EPICA / Dôme C.
La carotte de glace possède un diamètre d'environ 10 cm

D'aspect semblable à des couches volcaniques, ces couches contiennent en réalité de nombreuses petites sphères de quelques millièmes de millimètres de diamètre, formées de silicates contenant plus de 30% de magnésium. Or de telles proportions de magnésium dans des silicates signent une origine extraterrestre.

En outre, la concentration des particules extraterrestres dans ces deux couches est 10 000 à 100 000 fois supérieure à la concentration moyenne de matière extraterrestre tombant à la surface de l'Antarctique chaque année. Une grande première ! Jamais une telle concentration de matière extraterrestre n'avait été découverte dans une carotte de glace ; en effet, les quelques petites sphères observées jusqu'ici au microscope, après filtrage de plusieurs tonnes d'échantillons de neige ou de glace, étaient toujours très dispersées.


Sphères micrométéoritiques extraites de l'une des deux couches

L'enregistrement de deux tels événements d'origine extraterrestre dans un laps de temps aussi court (50 000 ans) est très singulier. S'il s'agit les deux fois d'une pluie de micrométéorites issues de l'explosion de bolides extraterrestres, leur empreinte devrait être visible dans d'autres carottes de glace en Antarctique. Ce serait alors une aubaine pour les chercheurs qui pourraient s'en servir comme marqueur stratigraphique.


D'après la chronologie du forage EPICA, ces deux événements eurent lieu il y a 434 000 et 481 000 ans, c'est-à-dire, curieusement, au cours de la période glaciaire qui a précédé la période interglaciaire n°11, laquelle a été particulièrement longue. Cette période correspond à la transition climatique dénommée "Mid Brunhes", qui marque un changement à la fois dans le rythme des cycles glaciaires-interglaciaires, qui deviennent plus longs, et dans la durée et l'ampleur des périodes interglaciaires, qui deviennent plus longues et plus chaudes. N'est-ce qu'une coïncidence ou bien y a-t-il une relation de cause à effet, laquelle relancerait l'hypothèse d'une influence des disques météoritiques orbitant autour du soleil sur les grands cycles climatiques terrestres ? La question est ouverte.

Note:
(1) LGGE: Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (CNRS - Université Joseph Fourier Grenoble I)
ENEA: Ente per le nuove tecnologie, l'energia e l'ambiente (Rome)
CSNSM: Centre de spectrométrie nucléaire et de spectrométrie de masse (CNRS - Université de Paris Sud)


Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales