jyb - Jeudi 25 Octobre 2012

Deux agences nationales et 6 académies désapprouvent l'étude OGM

Le mois dernier débarquait dans les médias grand public la nouvelle de la publication d'une étude choc sur un maïs OGM Monsanto. Nous vous faisions part de la publication très médiatisée de cette étude ici: lien. Cependant, cette étude a très rapidement été critiquée dans le monde scientifique avec deux types d'éléments en cause:
- des lacunes dans le protocole expérimental et certains éléments techniques
- la communication médiatique très marketée incluant un embargo empêchant les journalistes de consulter des avis scientifiques et accompagnant la promotion d'un livre et d'un documentaire, ce qui est une première pour une telle expérimentation.

Nous vous résumions les problèmes posés par cette étude dans l'article suivant: lien


Ces tumeurs impressionnantes montrées à la presse ne sont pas propres aux rats nourris avec des OGM et/ou du Roundup


Deux agences nationales donnent un avis critique



Depuis, les différentes agences concernées par les domaines de compétences mis en jeu par l'étude ont réalisé des analyses plus poussées. Aujourd'hui, l'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) voir l'article http://www.techno-science.net/actualite/redirect-N10951.html , ainsi que le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) ont rendu leurs conclusions. Elles confirment les premières analyses faites en dénonçant notamment les lacunes statistiques des expérimentations et concluent qu'il est tout simplement impossible d'établir une relation entre les produits testés (maïs OGM et Roundup) avec les effets décrits dont les tumeurs.

De même, l'EFSA, l'agence européenne de sécurité alimentaire se plaint de ne pas pouvoir mener ses expertises au sujet de l'étude de Séralini faute de coopération de la part de son équipe. Le biologiste avait d'emblée annoncé qu'il refuserait les contre-expertises de l'agence européenne au motif qu'elle serait liée de près ou de loin à un lobby pro-OGM.

Six académies ont aussi donné un avis critique


Des groupes de travail au sein des académies nationales d'Agriculture, de Médecine, de Pharmacie, des Sciences, des Technologies, et Vétérinaire arrivent à des conclusions similaires en ajoutant pour certaines un avis très critique sur le procédé utilisé pour publier les résultats. La manière particulièrement "huilée" de présenter les résultats tout en se prémunissant d'avis critiques sur les premières heures via un embargo imposé aux média est quelque chose de tout à fait inhabituel dans le monde scientifique. L'une des conséquences est de transformer un débat scientifique en polémique médiatique, chose que redoutent nombre de chercheurs tant un tel phénomène peut nuire à la qualité de l'information.

Il a cependant été reconnu l'intérêt de mener des expériences sur toute la durée de vie des cobayes et de telles expériences pourraient être financées sur des fonds publics et, on l'espère, en dehors de toute pression qu'elles soient pro ou anti OGM.

La souche de rat Sprague-Dawley en question



Un autre élément est souvent revenu concernant la souche de rat Sprague-Dawley utilisé dans l'étude. Cette souche a été étudiée à plusieurs reprises, notamment en raison de sa grande propension à développer des tumeurs. Une étude de 1973 portant sur 360 rats avait mis en évidence un développement de tumeurs chez 45% des cobayes. Une autre étude de 1956 indique un chiffre de 57%, mais pour des femelles et une autre de 1979 indique un chiffre de seulement 22%, toujours pour des femelles. Ces études montrent à quel point cette souche de rat est sujette au cancer, mais aussi une variance pour le moins élevée, obligeant d'éventuelles études statistiques à utiliser à chaque fois un très grand nombre de rats mis sous des conditions strictement identiques.
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