Adrien - Dimanche 23 Novembre 2025

🔬 Découverte d'un paradoxe: vieillir pourrait finalement protéger du cancer

Nous savons tous que le risque de cancer augmente généralement avec l'âge, mais saviez-vous qu'à un âge très avancé, cette tendance pourrait s'inverser ? Une étude récente menée sur des souris révèle des mécanismes biologiques surprenants qui pourraient expliquer ce phénomène contre-intuitif.

Les chercheurs de l'Université Stanford ont observé que les souris très âgées développaient significativement moins de tumeurs pulmonaires que leurs congénères plus jeunes. Non seulement les tumeurs étaient moins nombreuses, mais elles se révélaient également moins agressives. Cette découverte remet en question l'idée reçue selon laquelle le vieillissement ne ferait qu'augmenter le risque cancéreux. Monte Winslow, professeur associé de génétique et de pathologie, exprime son étonnement face à ces résultats qui contredisent les attentes scientifiques traditionnelles.



L'étude publiée dans Nature Aging montre que lorsque les chercheurs ont introduit les mêmes mutations cancéreuses chez des souris jeunes et âgées, les animaux plus jeunes ont développé des tumeurs plus nombreuses et à croissance plus rapide. Emily Shuldiner, principale auteure de l'étude, souligne que la plupart des recherches sur le cancer sont menées sur des animaux jeunes, ce qui pourrait fausser notre compréhension des mécanismes cancéreux chez les personnes âgées. Cette approche innovante a nécessité une patience considérable, les chercheurs ayant dû attendre près de deux ans pour que les souris atteignent un âge avancé avant de pouvoir induire le cancer.

Les mesures effectuées quinze semaines après l'induction du cancer ont révélé des différences spectaculaires. Les poumons des souris jeunes présentaient environ trois fois plus de tissu cancéreux que ceux des animaux âgés. Les tumeurs chez les jeunes étaient non seulement plus nombreuses mais aussi significativement plus volumineuses. Ces observations suggèrent que le processus de vieillissement lui-même pourrait exercer un effet protecteur contre le développement du cancer, un concept qui ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques potentielles.

L'étude s'est particulièrement intéressée au gène PTEN, un suppresseur de tumeurs dont l'inactivation a montré des effets très différents selon l'âge des animaux. Chez les souris jeunes, la désactivation de ce gène provoquait une augmentation spectaculaire du développement tumoral, tandis que chez les animaux âgés, l'effet était beaucoup moins marqué. Cette découverte suggère que l'impact des mutations génétiques et l'efficacité des traitements ciblant ces mutations pourraient varier considérablement en fonction de l'âge des patients.


Les vieilles souris développent moins de tumeurs pulmonaires (rouges) et de plus petite taille que les jeunes animaux dans un modèle de cancer.
Crédit: Emily Shuldiner


L'analyse des signatures génétiques a révélé un autre phénomène intrigant: les cellules cancéreuses des souris âgées conservaient des marqueurs caractéristiques du vieillissement, même en se divisant rapidement. Cependant, lorsque le gène PTEN était inactivé chez ces animaux âgés, ces signatures de vieillissement devenaient beaucoup moins prononcées. Dmitri Petrov, co-auteur senior de l'étude, envisage la possibilité excitante que le vieillissement puisse avoir des aspects bénéfiques que nous pourrions exploiter pour développer de meilleurs traitements anticancéreux.

Cette recherche pionnière démontre clairement que le vieillissement peut réprimer l'initiation et la croissance tumorales, tout en modifiant l'impact de l'inactivation des gènes suppresseurs de tumeurs. Elle souligne l'importance de développer de nouveaux modèles animaux qui intègrent les effets du vieillissement, afin de mieux refléter la réalité du cancer chez les patients âgés et d'améliorer le développement de thérapies plus efficaces.

Le paradoxe du vieillissement et du cancer


Le vieillissement est généralement perçu comme un facteur de risque pour le cancer, car l'accumulation de mutations au fil du temps semble logiquement augmenter la probabilité de développer des tumeurs. Cependant, cette vision simpliste ne rend pas compte de la complexité des processus biologiques. Les recherches récentes révèlent qu'à un âge très avancé, l'organisme pourrait développer des mécanismes de protection qui contrebalancent les effets néfastes de l'accumulation mutationnelle.

Ces mécanismes protecteurs pourraient inclure des changements dans l'environnement cellulaire et tissulaire qui rendent plus difficile la croissance des tumeurs. Par exemple, les modifications de la matrice extracellulaire ou l'altération des signaux de communication entre cellules pourraient créer un milieu moins favorable au développement cancéreux. Ces transformations liées à l'âge pourraient expliquer pourquoi, après un certain seuil, le risque de cancer cesse d'augmenter.


La compréhension de ce paradoxe ouvre des perspectives thérapeutiques innovantes. Si nous parvenons à identifier les processus biologiques responsables de cette protection naturelle chez les personnes très âgées, nous pourrions potentiellement les reproduire chez des patients plus jeunes. Cette approche représenterait une nouvelle stratégie dans la lutte contre le cancer, basée sur l'exploitation des mécanismes naturels de défense de l'organisme.
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