Une mandibule complète d'Homo erectus a été découverte par une équipe franco-marocaine co-dirigée par Jean-Paul Raynal, directeur de recherche au CNRS, au laboratoire PACEA
(1) sur le site de la carrière Thomas I à Casablanca. Cette mandibule est le plus ancien fossile humain mis au jour lors de fouilles scientifiques au Maroc. Cette découverte permettra de mieux définir le rôle éventuel du Maghreb dans les premiers processus de peuplement de l'Europe du sud.
Mandibule fossile humaine découverte le 15 mai 2008
sur le site de la carrière Thomas I à Casablanca
La carrière Thomas I à Casablanca avait déjà livré en 1969 une hémi-mandibule d'Homo erectus, mais hélas découverte de façon fortuite, hors de tout contexte scientifique. Ce n'est pas le cas du fossile mis récemment au jour, le 15 mai 2008, qui montre des caractères très comparables à ceux de l'hémi-mandibule trouvée en 1969. La morphologie de ces fossiles est toutefois différente de celle des trois mandibules du site de Tighenif (Algérie), qui permirent en 1963 de définir la variété maghrébine d'Homo erectus appelée Homo mauritanicus, dont l'âge est estimé autour de 700 000 ans avant notre ère.
La mandibule de la carrière Thomas I a été trouvée dans une strate sous-jacente à un niveau qui avait déjà livré à l'équipe quatre dents humaines d'Homo erectus (trois prémolaires et une incisive), dont une a été datée directement de 500 000 ans avant notre ère. Ces restes humains étaient associés à des outils de pierre taillée, caractéristiques de la civilisation de l'Acheuléen
(2) et à de nombreux restes d'animaux (babouins, gazelles, équidés, ours, rhinocéros, éléphants...) ainsi que d'abondants micromammifères indiquant un âge vraisemblablement un peu plus ancien. Plusieurs méthodes de datation sont actuellement mises en œuvre pour affiner ce cadre chronologique.
Le site préhistorique dit de la carrière Thomas I à Casablanca s'affirme comme l'un des plus importants pour la connaissance des premiers peuplements d'Afrique du Nord-Ouest. Les fouilles qui y sont menées depuis 1988 par le CNRS et l'Institut National des Sciences de l'Archéologie et du Patrimoine du Maroc, s'inscrivent dans le cadre d'une coopération franco-marocaine. Elles sont co-financées par le Ministère des Affaires étrangères et européennes (3), le Département d'Evolution Humaine de l'Institut Max Plank de Leipzig (Allemagne), l'INSAP
(4) (Maroc) et la Région Aquitaine.
Notes:
(1) De la Préhistoire à l'Actuel: Culture, Environnement et Anthropologie (CNRS/Université Bordeaux 1/ministère de la Culture et de la Communication).
(2) L'Acheuléen apparaît en Afrique vers 1,5 millions d'années et disparaît vers 300 000 ans pour céder la place au Middle Stone Age. Cette culture matérielle est caractérisée par une production de grands éclats de pierre qui sont façonnés en pièces bifaciales et hachereaux, de grands objets à bords tranchants.
(3) (Mission archéologique "littoral" Maroc, dirigée par J.P. Raynal).
(4) (INSAP-Rabat) relevant du Ministère des Affaires Culturelles du Maroc.