Cédric - Vendredi 28 Mars 2025

Découverte d'une griffe géante à 2 doigts appartenant à une nouvelle espèce de dinosaure 🦖

Une équipe internationale vient d'identifier une nouvelle espèce de thérizinosaure aux griffes impressionnantes. Ses fossiles, exceptionnellement bien conservés, révèlent une anatomie unique dans ce groupe de dinosaures.

Découvert en 2012 mais resté inexploité pendant des années, ce spécimen baptisé Duonychus tsogtbaatari intrigue par ses mains réduites à deux doigts. Publiés dans iScience, ces travaux éclairent l'évolution méconnue de ces herbivores aux allures de paresseux préhistoriques.



Une découverte en trois dimensions


Les fossiles, mis au jour en 2012 dans la formation de Bayanshiree, comprennent des éléments rares: bras entiers avec leurs griffes, sections du bassin et plusieurs vertèbres cervicales et dorsales. Leur préservation tridimensionnelle, exceptionnelle pour des restes datant du Crétacé supérieur (-90 millions d'années), permet d'étudier des structures anatomiques habituellement écrasées dans les sédiments.


Particularité remarquable, les griffes de 30 cm de long conservent des traces de leur gaine de kératine, matériau habituellement dégradé durant la fossilisation. Cette conservation offre aux chercheurs une vision précise de la morphologie réelle des griffes, bien plus imposantes que le simple os sous-jacent ne le laissait supposer. L'analyse microscopique révèle même des stries d'usure caractéristiques.

Le spécimen, un individu subadulte selon les indices de croissance osseuse, devait mesurer 3 mètres pour un poids estimé à 270 kg. La qualité des fossiles a permis aux scientifiques de reconstituer avec une précision inédite l'articulation des membres antérieurs, révélant une mobilité et une force insoupçonnées pour cette espèce herbivore.

Une adaptation surprenante


La réduction à deux doigts distingue radicalement Duonychus des autres thérizinosaures, pourtant déjà atypiques avec leurs trois griffes. Cette singularité suggère une spécialisation alimentaire poussée, peut-être pour saisir des végétaux coriaces dans un environnement semi-aride. Les analyses biomécaniques indiquent que cette configuration doublait la force de préhension par rapport aux espèces à trois doigts.


Curieusement, cette adaptation rappelle celle des tyrannosaures, bien que ces lignées aient divergé il y a plus de 100 millions d'années. Les chercheurs y voient un cas d'évolution convergente: des pressions écologiques similaires aboutissant à des solutions anatomiques comparables. Les articulations rigides des poignets, également observées, confirment une adaptation à des mouvements puissants de traction.

Le site de Bayanshiree, où fut découvert le fossile, abritait une faune diversifiée: dinosaures à bec, prédateurs comme Alectrosaurus, et d'autres thérizinosaures. Cette coexistence soulève des questions sur la niche écologique précise de Duonychus. Ses griffes, potentiellement polyvalentes, auraient pu servir aussi bien pour l'alimentation que pour la défense ou les parades.

Pour aller plus loin: Pourquoi certains dinosaures perdaient-ils des doigts ?



Ce phénomène, appelé "réduction digitale", apparaît dans plusieurs lignées de théropodes. Il résulte généralement d'une optimisation évolutive pour des fonctions spécialisées, comme une meilleure force de préhension ou une locomotion plus efficace. Chez les thérizinosaures, cette adaptation pourrait être liée à leur transition vers un régime herbivore.

Des études biomécaniques montrent qu'une réduction du nombre de doigts augmente la robustesse des membres antérieurs. Dans le cas de Duonychus, deux doigts permettaient une meilleure transmission des forces lors de la traction des branches. Cette configuration rappelle celle des paresseux modernes, bien qu'il s'agisse d'une convergence évolutive indépendante.

Curieusement, cette tendance est observable chez plusieurs groupes distincts: tyrannosaures, alvarezsauridés et maintenant thérizinosaures. Chaque cas représente une réponse adaptative différente à des pressions environnementales spécifiques. La découverte de Duonychus confirme que cette évolution s'est produite à plusieurs reprises chez les dinosaures théropodes.

Cette réduction digitale pourrait aussi être liée à des mutations génétiques affectant le développement embryonnaire des membres. Des recherches sur les gènes Hox, responsables de la formation des doigts, pourraient éclairer ces mécanismes évolutifs.
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