Cédric - Jeudi 18 Décembre 2025

🦖 Découverte exceptionnelle de plus de 16 000 empreintes de dinosaures en Bolivie

À une altitude vertigineuse dans les Andes boliviennes, le parc national de Torotoro cache une page spectaculaire du Crétacé supérieur, figée sous forme de milliers d'empreintes. Ces marques offrent un portrait vivant des déplacements de dinosaures dans un paysage côtier aujourd'hui méconnaissable. Leur abondance et leur variété transforment ce lieu en archive à ciel ouvert, unique par son ampleur.

La publication récente dans la revue PLOS One apporte une analyse de ce site nommé Carreras Pampa. Les chercheurs y ont documenté une densité inégalée d'empreintes, établissant plusieurs records mondiaux. Leur travail ne se limite pas à un simple inventaire. Il dévoile les comportements de ces animaux, de la marche à la nage, capturés dans la boue devenue pierre. Cette étude positionne la Bolivie comme un pôle majeur pour l'ichnologie, la science qui étudie les traces fossiles.


A) Empreintes de type M5 sur le site CP3. Remarquez les ondulations à la surface de la couche.
B) L'empreinte T32 présente des traces très profondes et des sillons. Le cordon sinueux marque les sillons.
C) Empreintes profondes T22-2-25.
D) Ensemble de cinq empreintes très profondes TS102. Les pointes de flèches blanches indiquent les sillons.
E) Empreinte T22-126. Les doigts sont marqués par les chiffres II, III et IV. h = hallux. Les échelles en C et D sont de 10 cm, et l'échelle en E est de 20 cm


Une autoroute fossile du Crétacé



L'examen minutieux a permis de cataloguer plus de 16 000 empreintes de théropodes, des dinosaures bipèdes pour la plupart carnivores. Ces marques se répartissent sur 9 secteurs distincts et présentent une large gamme de tailles, depuis des traces inférieures à 10 centimètres jusqu'à des empreintes dépassant 30 centimètres de longueur. Cette diversité témoigne du passage d'individus de tous âges et peut-être de nombreuses espèces différentes sur ce même littoral.

L'organisation spatiale des pistes est particulièrement éloquente. La majorité d'entre elles suivent une orientation nord-ouest/sud-est, parallèle aux rides de courant fossilisées dans la roche. Cette configuration indique que les animaux se déplaçaient principalement le long de la ligne de côte. Les mouvements étaient toutefois bidirectionnels, ce qui élimine l'hypothèse d'une migration saisonnière unique. Les scientifiques évoquent plutôt des allers-retours réguliers, indiquant un axe de passage très fréquenté.

La qualité de conservation est remarquable. Au-delà des simples empreintes de pas, les paléontologues ont identifié des séquences montrant des virages, des accélérations et des arrêts. Certaines pistes rectilignes s'étendent sur de longues distances, tandis que d'autres révèlent des marques de glissades ou de frottements de queue. Cette richesse permet de reconstituer la dynamique des déplacements avec un niveau de détail rare pour une période aussi reculée.

La nage, un comportement documenté


L'un des aspects les plus marquants de cette étude concerne la découverte de plus de 1 300 empreintes interprétées comme des traces de nage. Ces marques, formées lorsque les animaux se propulsaient sur un fond vaseux en eau peu profonde, sont parfois isolées ou forment de courtes pistes. Leur analyse permet d'entrevoir comment ces théropodes interagissaient avec le milieu aquatique, un comportement difficile à saisir par d'autres moyens.


Les chercheurs observent des modalités de nage variables. Certaines séquences montrent un espacement régulier entre les empreintes, indiquant que l'animal prenait un appui rythmique avec ses orteils sur le substrat. D'autres traces, plus sporadiques, semblent correspondre à des touches ponctuelles, peut-être dans une eau légèrement plus profonde ou lors d'un déplacement plus ample. Cette différence pourrait aussi s'expliquer par la taille des animaux, les plus grands touchant le fond plus fréquemment.

Ces traces aquatiques n'impliquent pas que ces dinosaures étaient des nageurs spécialisés. Ils semblent s'être aventurés dans l'eau de manière opportuniste, pour une raison qui demeure inconnue. Cette documentation étendue est précieuse, car les preuves directes de nage chez les dinosaures sont rares. Elle montre que ce comportement, auparavant associé à quelques espèces comme les spinosaures, était peut-être plus répandu parmi les théropodes dans des environnements côtiers spécifiques.
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL
sous le numéro de dossier 1037632
Informations légales