La découverte d'une arme dans une grotte russe remet en question les idées reçues sur les capacités techniques des Néandertaliens. Ce vestige, une pointe de lance en os bien plus ancienne que l'arrivée d'Homo sapiens en Europe, révèle une maîtrise insoupçonnée des matériaux.
Quatre photographies de la partie conique de l'échantillon. Les rectangles blancs numérotés indiquent:
1 – les zones de coloration rouge-brun, du type de celles causées par la chaleur à la pointe ;
2 – l'emplacement de la photographie incrustée des résidus de bitume.
Crédit: Liubov V. Golovanova et al.
Selon une étude parue dans le
Journal of Archaeological Science, cet artefact vieux de 70 000 à 80 000 ans atteste que ces hominidés fabriquaient des projectiles sophistiqués bien avant nos ancêtres. Les analyses montrent une conception optimisée pour la chasse, avec des traces d'emmanchement et de réparation.
Une innovation autonome
La pointe, taillée dans un os de bison, présente des stries révélant l'usage d'outils en pierre pour la sculpter. Des résidus de bitume indiquent sa fixation à une hampe en bois, une technique nécessitant une préparation minutieuse. Ces éléments suggèrent une transmission de savoir-faire entre générations.
Les fractures observées à son extrémité confirment son utilisation pour percuter une cible dure, probablement du gibier. Contrairement aux outils en pierre, plus courants, ce type d'arme organique se conserve rarement, expliquant sa rareté dans les fouilles.
L'absence de traces d'usure prolongée laisse penser que l'objet a servi peu de temps avant d'être abandonné ou perdu. La grotte de Mezmaïskaïa, avec son environnement stable, a permis sa préservation exceptionnelle.
Un atelier néandertalien
Le site a livré d'autres indices d'activités artisanales: outils en silex, foyers et restes d'animaux chassés. Ces découvertes dessinent le portrait d'un groupe organisé, exploitant les ressources locales avec efficacité. La maîtrise du feu pour durcir l'os et produire du brai renforce l'image d'une technicité élaborée.
Les comparaisons avec des pointes ultérieures d'Homo sapiens montrent des similitudes de forme, mais des méthodes distinctes. Cette indépendance technologique souligne l'adaptabilité des Néandertaliens, capables d'innover sans contact avec d'autres espèces.
Pour les chercheurs, cette trouvaille s'ajoute à d'autres preuves récentes, comme les outils en os de Sibérie, illustrant une diversité culturelle longtemps sous-estimée.