Deux mois après avoir publié une note résumant les principaux évènements qui ont mené l'Airbus A330 d'Air France à percuter l'océan Atlantique, le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA) publie un rapport d'étape plus complet. Ce rapport présente les premiers résultats d'analyses menées suite au décryptage des deux boites noires. Cependant, ce rapport ne tire pas encore de conclusions définitives quant aux causes et responsabilités du crash.
L'enregistreur de paramètres, Flight Data Recorder (FDR), a été remonté le 1er mai 2011 - Illustration: BEA. Un rapport très attendu
C'est le moins qu'on puisse dire, ce rapport était très attendu. La précédente note ne donnait que certains gros évènements qui se sont produits avant le crash de l'avion d'Air France. Cette note avait pour but de couper court aux nombreuses rumeurs qui circulaient suite à la découverte et à la remontée des boites noires de l'Airbus quelques semaines plus tôt. Sur ce point précis, le BEA avait atteint son but. Si vous voulez avoir plus de précisions sur la note précédente, un dossier détaillé est disponible sur Techno-Science.net ici:
lien
Le rapport publié aujourd'hui complète la précédente note en donnant des informations supplémentaires ainsi que des analyses complémentaires sur le comportement de l'avion lors des dernières minutes du vol AF447. Surtout, le BEA publie des recommandations concernant l'entrainement des pilotes dans des modes manuels et sur les techniques de sortie de décrochage. D'autres recommandations sur les enregistrements de vol sont aussi émises.
La faute des pilotes ?
C'est malheureusement un titre choc qu'on a beaucoup vu dans la presse des dernières semaines. Il y a aussi la controverse qui va avec "accuser les pilotes, c'est facile, ils ne peuvent pas se défendre". La réalité de l'analyse d'une enquête est très différente.
L'une des premières étapes est bien évidemment d'identifier les différentes causes possibles et parfois cumulées qui ont contribué à la perte de l'avion. Il y a bien entendu les causes techniques (conception / maintenance) et les erreurs humaines lors du vol. Pour être complet, un rapport d'enquête ne peut faire l'économie d'écarter des pistes à priori car cela n'est pas élégant ou manquerait de respect, surtout, une erreur humaine est loin de signifier une faute de celui qui fait l'erreur.
Lorsqu'une erreur humaine est relevée, en l'occurrence une possible erreur de pilotage, cela ne signifie pas automatiquement que "c'est la faute du pilote". Le pilote peut en effet avoir été induit en erreur par certaines indications, ne pas avoir été suffisamment formé ou avoir suivi une procédure (les fameuses "checklist") comportant une erreur. Dans certains cas, d'autres facteurs sont relevés comme ayant été la source d'une erreur de pilotage. Il y a donc une distinction à faire entre "l'erreur de pilotage" et "la faute du pilote".