Adrien - Mardi 9 Décembre 2025

🌕 Course à la Lune: la Chine avance, les Etats-Unis pataugent

Alors que la Chine accélère ses préparatifs pour alunir, les États-Unis rencontrent des obstacles imprévus avec leur programme Artemis. Pourquoi cette course spatiale prend-elle une tournure si incertaine ?

L'ancien administrateur de la NASA, Michael Griffin, a exprimé des critiques sévères lors d'une audition au Congrès. Il estime que l'architecture actuelle des missions lunaires est vouée à l'échec et présente des risques inacceptables pour les astronautes. D'après lui, le plan suivi depuis des années manque de cohérence et pourrait retarder le retour américain sur la Lune.


Un éclair frappe un paratonnerre autour du lanceur Artemis I de la NASA.
Image Wikimedia

Le succès d'Artemis 3, prévu pour 2027, repose sur un système de ravitaillement en orbite non testé (voir l'explication en fin d'article). Il nécessiterait jusqu'à douze lancements de la fusée Starship de SpaceX, avec des risques d'évaporation du carburant pendant l'attente. Griffin affirme que cette approche est techniquement infaisable avec les moyens actuels et devrait être abandonnée pour repartir sur de nouvelles bases.


Contrairement à cette situation, le programme Apollo des années 1960 réalisait des missions tous les quelques mois. La Chine, de son côté, suit une stratégie stable sur le long terme, ce qui lui permet d'avancer régulièrement. Des documents internes de SpaceX, révélés par Politico, indiquent que le premier alunissage habité pourrait ne pas avoir lieu avant 2028.

La NASA traverse une période de turbulences, avec des réductions budgétaires et des pertes de personnel. L'administrateur par intérim, Sean Duffy, a critiqué SpaceX pour ses retards et envisage d'ouvrir le contrat du module lunaire à d'autres entreprises, comme Blue Origin. Cette instabilité programmatique contraste avec la constance chinoise, notée par des experts lors de l'audition.

Si la Chine atteint la Lune en premier, elle pourrait établir les normes d'utilisation des ressources lunaires, un avantage stratégique considérable. Griffin indique que le véritable enjeu est de s'engager durablement dans l'exploration, sans quoi les États-Unis risquent de céder le terrain spatial à d'autres puissances.


Image Wikimedia

Les décisions prises aujourd'hui façonneront l'avenir de l'exploration spatiale. La course à la Lune dépasse la simple compétition technologique pour toucher à des questions de leadership global et d'accès aux ressources extraterrestres.

Le ravitaillement en orbite


Le ravitaillement en orbite est une technique qui consiste à transférer du carburant entre vaisseaux spatiaux après le lancement. Cela permet de réduire la masse au décollage et d'atteindre des destinations lointaines comme la Lune ou Mars. Cependant, cette méthode est ardue et nécessite des rendez-vous précis en microgravité, avec des risques de fuites ou d'évaporation du propergol.

Pour Artemis, SpaceX propose d'utiliser sa fusée Starship pour ravitailler un module lunaire en orbite terrestre. Cela exige plusieurs lancements successifs, augmentant la probabilité d'incidents. Aussi, les températures extrêmes dans l'espace peuvent faire bouillir le carburant, le rendant inutilisable avant même le départ vers la Lune.


Des alternatives existent, comme le développement de propulseurs plus stables ou de systèmes de stockage améliorés. D'autres agences spatiales explorent des approches différentes, mais aucune n'a encore démontré de solution éprouvée à grande échelle.

Sans avancées significatives, les projets lunaires pourraient être retardés ou nécessiter des architectures plus simples et moins ambitieuses. L'innovation dans ce domaine reste un obstacle majeur pour l'industrie spatiale mondiale.

La géopolitique de l'espace


La conquête spatiale est devenue un enjeu géopolitique majeur, où les nations cherchent à affirmer leur influence. Atteindre la Lune en premier au 21ème siècle permet de définir des normes internationales pour l'exploitation des ressources, comme l'eau ou les minéraux. Cela peut conférer un avantage économique et stratégique durable.

Historiquement, la course à la Lune était motivée par la rivalité entre les États-Unis et l'Union soviétique. Aujourd'hui, la Chine émerge comme un compétiteur sérieux, avec une approche planifiée sur le long terme. Les accords internationaux, comme les traités de l'espace, tentent de réguler ces activités, mais ils restent souvent imprécis.

Si une nation établit une présence permanente sur la Lune, elle pourrait contrôler l'accès à certaines zones, influençant les futurs projets scientifiques et commerciaux. Cela amène des interrogations sur l'équité et la coopération dans l'espace, avec des implications pour la paix et la sécurité globales.

Les choix effectués maintenant façonneront les relations internationales pour les décennies à venir. Une collaboration accrue pourrait éviter des conflits, mais la compétition actuelle montre que les intérêts nationaux prévalent souvent.
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