Isabelle - Jeudi 22 Mars 2012

Coqueluche: l'effet cocon ne suffit pas


Il faudrait vacciner 10 000 adultes de l'entourage immédiat de jeunes enfants pour prévenir une seule hospitalisation due à la coqueluche.
Vacciner les parents ne permet pas de protéger efficacement les poupons contre la coqueluche.

S'il y a une solution à la recrudescence des cas de coqueluche, ce n'est pas du côté de la vaccination des parents qu'il faut la chercher. En effet, la stratégie qui consiste à immuniser la famille et les proches pour protéger les poupons contre la coqueluche exige beaucoup de ressources et donne peu de résultats. C'est la conclusion à laquelle arrive une équipe de chercheurs canadiens, dont fait partie le professeur Gaston De Serres de la Faculté de médecine de l'Université Laval, au terme d'une étude menée sur le sujet.

La coqueluche est une maladie infectieuse causée par la bactérie Bordetella pertussis. Ses symptômes incluent une toux qui dure pendant deux semaines ou plus, accompagnée de quintes soudaines, intenses et sporadiques, d'un "chant du coq" bruyant au moment de l'inspiration et de vomissements ou d'apnée en fin de toux. Les personnes atteintes en souffrent longtemps, parfois jusqu'à dix semaines. Au Canada, le vaccin contre la coqueluche est administré aux enfants à l'âge de 2, 4 et 6 mois; un rappel est donné à 18 mois et entre 4 et 6 ans. Depuis 2004, un rappel du vaccin est aussi recommandé pour les adolescents.


Même si le nombre de cas de coqueluche est en hausse chez les adolescents depuis quelques années, ce sont les enfants de moins de trois mois qui demeurent le plus à risque d'hospitalisation et de mortalité. Les programmes d'immunisation doivent donc être pensés en fonction de ce groupe très vulnérable. Pour réduire le risque élevé que courent les enfants au cours des trois premiers mois de vie, les autorités médicales françaises, américaines et australiennes ont envisagé de recourir à la stratégie du cocon qui consiste à vacciner les parents et les proches qui ont des contacts avec le nourrisson.

Selon les analyses de Gaston De Serres et de ses collègues, publiées dans un récent numéro de Clinical Infectious Diseases, cette stratégie serait inappropriée dans le contexte actuel. En utilisant les statistiques de 2005 à 2009, les chercheurs ont montré que pour prévenir une hospitalisation, une admission aux soins intensifs et un décès, il faudrait vacciner respectivement 10 000, 100 000 et 1 million de personnes. Chaque hospitalisation évitée coûterait environ 200 000 $. "Vu la faible incidence de la coqueluche, un programme de vaccination des parents exigerait beaucoup de ressources et serait peu efficace pour prévenir les complications de la coqueluche chez les jeunes enfants", concluent les chercheurs.
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