Patrick Merel, un chercheur à la PTIB (Plateforme Technologique d'Innovation Biomédicale) du CHU de Bordeaux, propose une solution permettant de transférer son ADN sur son smartphone. Le service que ce chercheur développe consiste à séquencer les données contenues dans l'ADN de l'utilisateur afin de l'informer sur les éventuels risques de maladies génétiques.
Concrètement, il suffit d'envoyer un tube en plastique contenant de la salive à un laboratoire. Ce dernier va décrypter l'ADN et le client pourra ensuite accéder à des informations le concernant via un site sécurisé. Si le principe est simple, la procédure l'est beaucoup moins, en tout cas en France où le projet ne peut porter ses fruits. En effet, la France interdit le recours au séquençage du génome en dehors du cadre médical. C'est pourquoi Patrick Merel a fondé sa société nommée Portable Genomics en Californie, en collaboration avec une bio-informaticienne et deux biologistes.
A la différence de la France, plusieurs firmes américaines proposent aux particuliers le séquençage de leur ADN, sans formalité administrative ni ordonnance médicale, moyennant une somme qui ne cesse de baisser: le séquençage intégral du génome humain coûtait des centaines de milliers de dollars il y a quelques années, mais le montant s'est abaissé à 50 000 dollars en 2009, 15 000 dollars en 2010, et devrait avoisiner 3 000 dollars en 2011. D'ici quelques années, le service imaginé par ce chercheur devrait coûter autour de 100 dollars.
Représentation d'une section de la double hélice d'ADN
L'application développée pour plateforme mobile (iphone ou ipad par exemple) présente de façon ergonomique non seulement les caractéristiques physiques et psychologiques, mais surtout des informations sur les prédispositions à contracter certaines maladies génétiques. En face de chaque maladie analysée, une icone s'affiche en vert si le risque est faible, ou en rouge dans le cas contraire. Le client peut également choisir de télécharger les 3 gigaoctets que représente le séquençage du génome (composé de trois milliards de paires de base) afin de mener ses propres recherches. Le logiciel propose enfin d'autres applications comme le stockage des dossiers médicaux, ou encore un système de géolocalisation permettant de localiser des médecins spécialistes par exemple.
Patrick Merel présente ce service comme un outil de prévention et de vigilance, et précise que certains gros investisseurs américains s'y intéressent déjà. D'autres sont sceptiques, comme Patrick Gaudray, membre du CCNE (Conseil consultatif national d'éthique) et directeur de recherche au CNRS, qui pense que cela risque plutôt d'inquiéter les personnes qui ne vont pas forcément déclarer ces maladies. De plus, la fiabilité des résultats affichés est difficile à déterminer.
Auteur de l'article: Cédric DEPOND