L'évolution d'un embryon de requin peut sembler banale jusqu'à ce que, soudainement, une tête en forme de marteau apparaisse. Une étude récente de l'Université de Floride offre un regard inédit sur la formation de cette caractéristique étonnante chez les requins-marteaux.
Un bébé requin-marteau pendant son développement avec un museau de marteau naissant.
Crédit: Gareth Fraser
Dirigée par Gareth Fraser, professeur de biologie à l'Université de Floride, l'étude dévoile comment les embryons de requins-marteaus tiburo, la plus petite espèce de requins-marteaux, modifient la forme de leur crâne. À mi-gestation, leur tête s'élargit soudainement, repoussant leurs yeux en croissance à des angles étranges. Au fil des semaines, la partie avant de la tête prend une forme de pelle, caractéristique de ces créatures marines.
Steven Byrum, étudiant diplômé, a également contribué à cette recherche. Les requins-marteaus tiburo, abondants dans le golfe du Mexique et l'océan Atlantique, sont plus faciles à étudier car ils passent du temps près des côtes. Cependant, cette observation détaillée de leur développement était jusqu'alors inédite. Contrairement à la plupart des poissons et de nombreux requins qui pondent des œufs, les requins-marteaux donnent naissance à des petits vivants. Cette particularité rend difficile l'observation de leur développement embryonnaire.
L'étude ouvre la voie à de futures expériences pour comprendre comment ces requins contrôlent la forme de leur tête et pourquoi ils ont développé ces caractéristiques inhabituelles, censées améliorer leur champ de vision et leur capacité à détecter les mouvements électriques de leurs proies.
Le "mouvement électrique" fait référence à la capacité de ces animaux à détecter les champs électromagnétiques générés par d'autres créatures marines. Ce sens électro-réceptif leur permet de localiser leur proie même lorsqu'elle est cachée dans le sable ou dans l'obscurité. Les requins possèdent des organes spécialisés appelés ampoules de Lorenzini qui leur permettent de détecter ces champs électriques minuscules. Ce mécanisme contribue à leur efficacité en tant que prédateurs.