Cédric - Jeudi 18 Juillet 2024

Ces bactéries intestinales seraient responsables de l'alimentation compulsive et de l'obésité

Des scientifiques ont récemment identifié des bactéries intestinales spécifiques responsables de la compulsion alimentaire, une découverte qui pourrait ouvrir la voie à de nouveaux traitements contre l'addiction à la nourriture et l'obésité. Cette étude met en lumière l'influence du microbiote intestinal sur les comportements alimentaires et propose des pistes prometteuses pour la prévention et le traitement des troubles alimentaires.


Image d'illustration Pixabay

Une équipe de recherche internationale a découvert qu'une certaine bactérie intestinale est associée au développement de l'addiction alimentaire chez les humains et les souris, menant souvent à l'obésité. Parallèlement, ils ont identifié des bactéries jouant un rôle bénéfique en prévenant cette addiction. Selon la professeure Elena Martín-García de l'Université Pompeu Fabra en Espagne, plusieurs facteurs contribuent à l'addiction alimentaire, caractérisée par une perte de contrôle de l'ingestion alimentaire et des désordres associés comme l'obésité et d'autres troubles alimentaires.


Le professeur Rafael Maldonado, dirigeant le Laboratoire de neuropharmacologie de la même université, a souligné que ces résultats permettent d'identifier de nouveaux biomarqueurs de l'addiction alimentaire. Ces découvertes ouvrent également la possibilité d'utiliser des bactéries bénéfiques comme traitements potentiels pour ce comportement lié à l'obésité, pour lequel il n'existe actuellement aucun traitement efficace.

Pour diagnostiquer l'addiction alimentaire, l'équipe a utilisé l'échelle de Yale sur l'addiction alimentaire, qui comprend 35 questions. Ces questions ont été adaptées pour les souris, permettant de mesurer la recherche persistante de nourriture, la motivation élevée pour obtenir de la nourriture et le comportement compulsif.

L'étude a révélé une augmentation des bactéries du phylum Proteobacteria et une diminution des bactéries du phylum Actinobacteria chez les souris dépendantes de la nourriture. Les mêmes tendances ont été observées chez 88 patients humains, suggérant que certaines microbiotes pourraient protéger contre l'addiction alimentaire.

Les chercheurs ont administré des prébiotiques, tels que le lactulose et le rhamnose, aux souris pour augmenter la quantité de Blautia dans leur intestin. Ils ont constaté une amélioration notable de l'addiction alimentaire. Des résultats similaires ont été obtenus en administrant directement une espèce de Blautia appelée Blautia wexlerae.

Les signatures microbiotiques observées chez les souris et les humains indiquent que certaines bactéries peuvent avoir des effets protecteurs contre le développement de l'addiction alimentaire. Ces résultats montrent l'importance des interactions entre le microbiote intestinal et le cerveau, révélant la complexité de ce trouble comportemental.


Enfin, l'équipe a exploré le rôle des microARN (miARN) dans l'addiction alimentaire. En inhibant des miARN spécifiques dans le cortex préfrontal médian des souris, ils ont pu augmenter la vulnérabilité des souris à l'addiction alimentaire. Ces miARN pourraient donc agir comme des facteurs protecteurs contre l'addiction alimentaire, offrant de nouvelles perspectives pour comprendre la neurobiologie de la perte de contrôle alimentaire.

Les recherches présentées lors du Forum de la Fédération des sociétés européennes de neurosciences en Autriche et publiées dans Gut montrent que la compréhension des interactions entrye le comportement alimentaire et les bactéries intestinales est essentielle pour développer de futurs traitements contre l'addiction alimentaire et les troubles associés.
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