La taille et la complexité du cerveau humain nous différencient des autres créatures vivantes. Une étude publiée dans la revue Science suggère que l'évolution de notre matière grise est toujours en cours.
Les recherches de Bruce T. Lahn de l'Université de Chicago se sont concentrées sur deux gènes appelés microcéphaline et ASPM. Lorsque ces gènes fonctionnent mal, il en résulte une microcéphalie primaire, par laquelle la taille du cerveau est sévèrement diminuée. Des études antérieures avaient montré que ces gènes ont subi une évolution accélérée après que les lignées des chimpanzés et des humains aient divergé, laissant entendre qu'ils jouaient un rôle dans la taille impressionnante de notre cerveau.
L'équipe de Lahn a analysé les gènes d'un groupe d'une centaine de personnes ethniquement différentes et provenant du monde entier. Ils ont découvert que pour ces deux gènes, des variantes apparaissaient beaucoup plus fréquemment que les probabilités ne le prévoyaient, suggérant en cela que la sélection naturelle était au travail. La variante du gène microcéphaline est survenue il y a environ 37.000 ans, celle de l'ASPM il y a 5.800 ans selon les chercheurs.
Localiser exactement où ces changements ont surgi et comment ils se sont étendus parmi la population demeure peu clair. "Ce que nous pouvons dire est que nos résultats fournissent la preuve que le cerveau humain, l'organe le plus important qui distingue notre espèce, est en évolution constante", remarque Lahn. "Ces deux gènes de la microcéphalie mettent en évidence la sélection dans l'histoire évolutionnaire de l'espèce humaine et la continuité actuelle de cette sélection chez l'homme". Lahn pense que si les humains sont toujours présents dans un million d'années, il est probable que leurs cerveaux présentent des différences structurales significatives avec ceux d'aujourd'hui.
Les chercheurs précisent toutefois que les résultats à propos de deux gènes ne révèlent pas l'histoire entière. Beaucoup d'autres gènes non encore identifiés pourraient influencer la taille et le développement du cerveau, selon Lahn, et des recherches à venir pourraient expliquer comment la sélection naturelle les a également affectés.