L'entrepreneur Immo Ströhler a fait construire un catamaran perce-vague de 85 tonnes, le Tûranor PlanetSolar, capable de faire le tour du monde uniquement à partir d'énergie solaire, qui a été inauguré début mars 2010 à Kiel (Schleswig-Holstein). Immo Ströhler a lancé le projet en 2008 avec le chef de chantier naval Gunnar Knierim, pour un budget de 12,5 millions d'euros. L'entreprise spécialisée dans les coques de plastique et les développements innovants a ainsi construit en 14 mois le plus gros bateau solaire du monde, constitué de 20,6 tonnes de fibres de carbone, 11,5 tonnes de coeur en mousse et 23 tonnes de résine.
Les constructeurs de sous-marins ne sont en revanche pas tant intéressés par les panneaux photovoltaïques (PV) que par la technique innovante du stockage: en effet, l'électricité produite à partir d'énergie solaire à bord du Tûranor PlanetSolar est stockée dans six blocs comprenant chacun 12 batteries constituées de 648 cellules utilisant la technologie lithium-ion. Cette technologie est également utilisée pour le stockage d'énergie dans la nouvelle génération de sous-marins fonctionnant grâce aux piles à combustible, les nouvelles batteries ayant pour avantage notoire un poids réduit de 2 kg, soit 7 fois moins qu'une pile au plomb usuelle.
Le bateau perce-vagues nécessite 825 panneaux solaires équipés de 38.000 cellules PV, recouvrant le pont du bateau de 30m de long et 15m de large d'une surface de 537 m2. Dans chacune des deux coques, en profondeur, deux moteurs électriques de 20 et 40 kW de puissance garantissent une puissance totale de 163 CH (chevaux vapeur). La propulsion du bateau est assurée par deux hélices, dont les pales en carbone ont un diamètre de 2m. Comme ces pales sont réglables et que la force de propulsion peut ainsi être régulée exactement, il a été possible de renoncer à l'installation de safrans conventionnels.
Jusqu'à présent, le PV était uniquement utilisé pour la production d'électricité à bord d'un bateau. Ainsi par exemple, le constructeur naval Meyer de Papenbourg a équipé des navires de croisière de panneaux solaires, qui fournissaient seulement l'éclairage des navires, à cause de la faible puissance des cellules et des batteries classiques. Cependant, presque tous les navires de croisière fonctionnent pour des raisons d'efficacité avec des moteurs électriques, capables de produire 20 à 30 MW de puissance pour un bateau de 250m de longueur, l'électricité étant encore produite à partir de diesel.
Le transport maritime représente une composante principale de l'économie mondiale, ce qui n'est pas sans conséquences sur l'environnement. Environ 1,12 milliard de tonnes de CO2 sont émis chaque année par le commerce maritime selon les chiffres de l'ONU. Des alternatives doivent être trouvées à la combustion du fuel lourd. Les espoirs mis dans ce bateau solaire sont ainsi élevés. La première présentation du bateau aura lieu le 7 mai 2010 lors de l'anniversaire du port de Hambourg. Puis le Tûranor PlanetSolar s'arrimera au port du musée d'Ovelgönne. Le catamaran solaire doit au cours de l'année 2011 faire le tour du monde en 160 jours, en partant de la mer Méditerranée et en traversant l'Atlantique, le canal de Panama, le Pacifique et l'océan Indien, avec des haltes prévues à Hambourg, Londres, Paris, New York, San Francisco, Singapour et Abu Dhabi, où les intéressés pourront visiter le bateau. Il devrait parcourir les 40.000 km de trajet à une vitesse moyenne de 8 noeuds, le long de l'équateur, où l'ensoleillement est le plus élevé. Le catamaran sera mené par le skipper suisse Raphael Domjan. Le deuxième skipper sera le Français Gérard d'Aboville, premier homme à avoir traversé l'Atlantique et le Pacifique en bateau à rames.