Des chercheurs de l'Université Rockefeller à New York ont réussi à montrer comment
Trypanosoma brucei, le parasite responsable de la maladie du sommeil en Afrique, initie son échappement à la réponse immunitaire de l'hôte infecté. Ces résultats ont été publiés en ligne dans la revue
Nature du 15 avril 2009 et suggèrent que ce parasite n'est pas repéré par le système immunitaire après infection grâce à un réarrangement de son ADN qui permet une modification de son apparence, le rendant alors indétectable.
Le parasite a adopté la technique dite de variation antigénique qui lui permet chez l'homme de se soustraire au système immunitaire suceptible de le découvrir et de le détruire. Ce mécanisme utilise les protéines situées à la surface de ce parasite, appelées VSG (
Variant Surface Glycoprotein), pour les échanger avec d'autres VSG. Ainsi, le système immunitaire qui aurait reconnu
Trypanosoma brucei dans un premier temps avec son premier type de VSG à sa surface ne peut plus le différencier pour le détruire suite à cette substitution. Les parasites qui survivent ainsi peuvent changer spontanément de VSG pour induire une nouvelle infection.
Les chercheurs américains ont montré qu'une cassure dans l'ADN du parasite dans une region spécifique en amont du gène à l'origine des VSG implique une augmentation de ces échanges de protéines de surface, produisant des clones de parasites modifiés avec une fréquence similaire à celle observée pendant une infection. La nouvelle VSG remplace l'ancienne à la suite d'un réarrangement génétique: le gène de l'ancienne VSG est substitué lui-même par le gène d'une autre VSG situé sur un chromosome adjacent après une duplication.
Ces résultats sont d'un grand intérêt dans l'élaboration de nouveaux médicaments ciblant cette région de l'ADN du parasite qui lui permet de rester dissimulé à l'abri des cellules du système immunitaire de l'hôte infecté. Aussi, cet réarrangement moléculaire est un mécanisme déjà connu chez l'homme en particulier: les lymphocytes B sont sujets à des cassures et à des réarrangements de leur ADN pour fabriquer des anticorps capables de reconnaitre une infinité de cibles potentiellement pathogènes pour l'organisme.
Auteur de l'article: Pierre-Alain RUBBO