Plus un homme est jeune au moment du diagnostic, plus il serait avantageux pour lui de subir une ablation chirurgicale de la prostate. (Photo: iStockphoto) La radiothérapie est l'approche thérapeutique à laquelle on recourt le plus fréquemment pour traiter les hommes atteints d'un cancer de la prostate localisé.
Or, chez ceux qui ont une espérance de vie d'au moins 10 ans au moment du diagnostic, l'ablation chirurgicale de la prostate - ou prostatectomie radicale - est associée à une plus grande longévité que la radiothérapie et l'attente sous surveillance, peu importe le stade de la maladie.
C'est la conclusion à laquelle est parvenue Maxine Sun, chercheuse clinique au Département d'urologie du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), après avoir scruté les données d'une étude rétrospective américaine portant sur 67 000 hommes qui ont reçu un diagnostic de cancer de la prostate entre 1992 et 2005.
Un taux de survie global de 17 % supérieur
Concrètement, selon l'approche thérapeutique, les hommes ayant une espérance de vie de 10 ans ou plus au moment du diagnostic avaient, après une décennie, un taux de survie global de 79,9 % avec la prostatectomie, 62,8 % avec la radiothérapie et 56,6 % avec l'attente sous surveillance.
Ainsi, une décennie après le diagnostic, l'ablation chirurgicale de la prostate a entrainé un taux de survie global de 17 % supérieur à la radiothérapie et de 23 % plus élevé que l'attente sous surveillance.
"Cette différence peut être, en grande partie, imputable au fait que les hommes traités par radiothérapie sont plus malades au moment du diagnostic comparativement aux hommes qui ont été opérés", explique l'auteure principale de l'étude. Ce biais de sélection est inévitable dans les études rétrospectives."
Il est possible aussi que d'autres facteurs contribuent à cette différence des taux de survie. "Par exemple, il est scientifiquement établi que la radiothérapie peut causer, à long terme, d'autres cancers, ce qui conduirait à une diminution du taux de survie global pour cette approche thérapeutique", précise Mme Sun, qui est également codirectrice de l'Unité de recherche quantitative et évaluative du CHUM.
Par contre, chez les hommes dont l'espérance de vie était en deçà de 10 ans au moment du diagnostic, les trois approches thérapeutiques étaient associées à des taux de survie similaires une décennie plus tard, soit 47,4 % pour la radiothérapie, 43,9 % pour l'ablation de la prostate et 31,4 % pour l'attente sous surveillance.
"Nos résultats tendent à démontrer que, si le cancer est diagnostiqué à un âge relativement jeune, il serait peut être préférable de subir une prostatectomie radicale, puisqu'elle parait plus avantageuse que la radiothérapie et que l'attente sous surveillance sur le plan de la survie globale", indique Maxine Sun.
Il est à noter que l'étude, qui vient de paraitre dans le dernier numéro du
British Journal of Urology, "valide les directives qui sont actuellement en vigueur pour évaluer le type de traitement à appliquer dans le cas de cancers de la prostate localisés", mentionne celle qui a signé ou cosigné près de 200 publications scientifiques.
Des traitements qui peuvent réduire la qualité de vie
Considérées comme des approches thérapeutiques effractives, la radiothérapie et la prostatectomie radicale occasionnent souvent des complications chez les patients.
Ces complications - qui peuvent se manifester sous forme de douleurs, de dysfonctionnement érectile, d'incontinence urinaire ou d'infections - n'ont pas fait l'objet de l'étude de Mme Sun, mais elles seraient analogues qu'il s'agisse de l'ablation de la prostate ou de la radiothérapie.
Ainsi, on sait qu'environ un homme sur cinq qui subit une prostatectomie dans la cinquantaine souffre de troubles érectiles.
On sait aussi que les fonctions érectiles et urinaires reviennent habituellement à la normale au cours des deux années qui suivent l'opération.
"La réaction au traitement est différente pour chaque patient, mais, lorsque l'espérance de vie est de plus de 10 ans au moment du diagnostic, on peut penser que le temps permettra d'atténuer les effets des traitements et que le patient pourra retrouver une meilleure qualité de vie", conclut Maxine Sun.