Google avait annoncé en décembre 2004 le lancement d'une campagne de numérisation de près de 15 millions d'ouvrages anglo-saxons, avec le concours de grandes universités américaines et britanniques (voir notre
news). Ce projet, devant durer plusieurs années et d'un coût de 200 millions de dollars, a pour but d'offrir aux internautes un accès par mots-clés au contenu de ces ouvrages dont beaucoup sont uniques.
La Bibliothèque National de France (BNF) avait demandé en février dernier (voir notre
news) un budget accru pour sa propre campagne de numérisation (le projet Gallica), son budget étant 1000 fois inférieur de celui de Google. Cette demande semble avoir été en partie entendue, et l'ampleur de la réponse s'illustre au niveau européen: pas moins de six pays (France, Pologne, Allemagne, Italie, Espagne et Hongrie) comptent unir leurs efforts dans un projet commun de numérisation et de mise en réseau des résultats.
Dans ce but, les six pays ont effectué une demande écrite auprès de la commission et du conseil européen pour la sauvegarde sous format numérique de nombre d'ouvrages. Dans cette lettre est expliqué que "s'il n'est pas numérisé et rendu accessible en ligne, ce patrimoine pourrait, demain, ne pas occuper toute sa place dans la future géographie des savoirs". Les six demandent un "appui sur les actions de numérisation déjà engagées par nombre de bibliothèques européennes, pour les mettre en réseau et constituer ce qu'on pourrait appeler une bibliothèque numérique européenne, c'est-à-dire une action concertée de mise à disposition large et organisée de notre patrimoine culturel et scientifique sur les réseaux informatiques mondiaux".
Cette lettre intervient au lendemain d'une motion commune de 19 bibliothèques nationales en Europe appelant à une volonté communautaire afin de contrer le projet de numérisation de Google. L'Union Européenne aurait un rôle de coordonnateur pour permettre la sélection de fonds, éviter les redondances dans le traitement ou encore unifier les techniques de numérisation.