Faire une sieste au cours de la journée permettrait de lutter contre l'atrophie cérébrale. C'est en tout cas ce que suggère une récente étude réalisée par l'University College de Londres et l'Université de la République de l'Uruguay, et parue dans la revue Sleep Health.
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Les nombreuses études menées sur les effets de la sieste ne s'accordent clairement pas. Certaines concluent à des bienfaits (nous serions susceptibles de mieux apprendre après une sieste), d'autres mettent en évidence ses effets néfastes (une sieste pourrait impacter notre poids, voire être initiateur de la maladie d'Alzheimer selon certaines études). La dernière étude en date évoque quant à elle qu'un court sommeil diurne régulier pourrait avoir pour effet de lutter contre le rétrécissement du cerveau qui intervient naturellement avec l'âge.
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs se sont appuyés sur le résultat de précédentes recherches ayant révélé le fait que 97 fragments de notre ADN nous prédisposent soit à être une personne ayant besoin de faire régulièrement des siestes, soit à être une personne énergique tout au long de la journée. Ils ont ensuite cherché, sur un échantillon de personnes, s'il existait un lien potentiel entre cette prédisposition génétique à la sieste, et le volume cérébral (le cerveau étant connu pour s'atrophier avec l'âge).
Pour ce faire, ils se sont appuyés sur les données de la UK Biobank, qui rassemble de nombreuses informations sur la génétique et la santé de 500 000 personnes qui étaient âgées de 40 à 69 ans au moment des tests. Sur cette base de données, les chercheurs ont utilisé les informations de 35 000 participants afin de comparer le volume cérébral des deux "populations", et ont constaté que celui des personnes prédisposées à la sieste était plus volumineux de 15 centimètres cubes en moyenne. Cette différence correspond, si l'on compare le rythme de vieillissement avec le rythme d'évolution de la taille du cerveau, à "retarder" le vieillissement de 2,6 à 6,5 ans.
La sieste est connue pour être essentielle au développement des nourrissons. Elle devient moins fréquente avec l'âge (notamment du fait qu'elle n'est pas encore socialement admise dans nos environnements professionnels), et devient à nouveau populaire à la retraite (plus d'un quart des personnes de plus de 65 ans déclare d'ailleurs faire une sieste quotidienne). A l'inverse, les scientifiques savent qu'un mauvais sommeil endommage le cerveau et provoque des inflammations au fil du temps, qui affectent les connexions entre les cellules cérébrales. La sieste diurne aurait-elle donc plus de bienfaits que de méfaits ?
Ce serait en tout cas une bonne nouvelle, notamment pour la prévention de la démence, cette dernière étant en partie liée au rétrécissement du cerveau. Néanmoins, Victoria Garfield, professeure co-auteure de l'étude, relativise ces résultats en précisant que de nombreux autres facteurs affectent le volume cérébral. Elle précise également que la durée exacte des siestes, qui sont associées aux bénéfices, n'a pas clairement été identifié dans cette étude, même si elle estime qu'une durée allant jusqu'à 30 minutes serait pertinente. Pour finir, elle met en garde sur l'interprétation de cette étude: cette dernière se limite à comparer la prédisposition génétique à la sieste diurne habituelle, avec le volume du cerveau et non avec les performances cognitives de l'individu.