Le projet ARTIS, lancé par l'ESA, vise à démontrer la faisabilité et la viabilité des systèmes de télé-échographie, ou échographie à distance. Le CNES est chargé du volet économique de l'étude.
A des milliers de kilomètres de son patient, un médecin échographiste manipule un joystick dont les mouvements sont reproduits par un bras robotisé portant une sonde ultrasonore. Instantanément, ce radiologue suit en temps réel le résultat de l'examen sur son écran. Le patient, de son côté, est accompagné par un technicien médical ou une infirmière.
Science-fiction ? Pas du tout ! La télé-échographie, ou échographie opérée à distance, pourrait bientôt devenir une réalité quotidienne pour les habitants de certaines zones enclavées ou hostiles.
Depuis la création du concept en 1996 par le Professeur Philippe Arbeille (CHU de Tours) dans le cadre des missions spatiales autour de la station Mir, plusieurs prototypes ont été développés (notamment, les robots Teresa et Estele). Le système est aujourd'hui quasiment commercialisable à une grande échelle. Mais il reste encore à concevoir l'infrastructure qui pourrait l'entourer.
Vérifier, en situation réelle, la faisabilité et la pérennité d'une telle plateforme est l'objectif de l'étude ARTIS
(1) lancée en novembre 2007 par l'ESA. C'est le CNES qui, fort de son expérience dans la valorisation des applications spatiales, conduit l'étude de marché qui devrait permettre de définir un modèle économique viable d'ici à 2009.
Le robot Estele est un des derniers prototypes de télé-échographe.
Un appel d'offres permettra de choisir celui qui sera construit
et utilisé dans le cadre du projet ARTIS.
Son coût devra être inférieur à 70 000 euros
"Plusieurs sites pilotes devraient être sélectionnés au premier trimestre 2008 et les premières plates-formes devraient être installées en septembre 2008. Ces tests permettront de valider tous les aspects technico-économiques", explique Nathalie Ribeiro, responsable du programme télémédecine - désenclavement sanitaire au sein du service Applications et Valorisation du CNES. Des échographies abdominales, vasculaires et obstétricales à distance seront réalisées en routine.
De l'espace à la petite ville perdue dans les montagnes
"La télé-échographie repose sur l'existence d'un site expert, où se situe l'échographiste, et d'un site distant, où se trouve le patient, explique le Professeur Arbeille. L'échographie est téléguidée depuis le site expert par des lignes téléphoniques ou satellitaires. Aucun échographiste n'est nécessaire auprès du patient tout en préservant la qualité de l'examen médical."
Echographie réalisée dans le nord du Maroc,
et suivi depuis le site expert à l'hôpital de Tours
L'absence d'échographistes en milieux isolés ou hostiles a relancé l'intérêt autour de cette technique. Avantages: permettre des interventions dans des sites inaccessibles, éviter au patient de se déplacer (coût, fatigue, stress, risque routier) et réduire l'afflux aux urgences. En somme, pallier l'enclavement sanitaire et favoriser l'égalité d'accès aux soins (couverture médicale accrue et meilleur suivi de grossesse dans les campagnes).
Des résultats obtenus avec le projet ARTIS, on pourra déduire si ce service d'assistance médicale à distance peut être étendu à d'autres modalités d'imagerie médicale (imagerie par résonance magnétique, scanner), l'échographie étant la technique la plus complexe à mettre en œuvre.
Echographie obtenue et expertisée à distance
ARTIS intéresse des CHU européens et leurs hôpitaux périphériques ne disposant pas de radiologue de garde, mais aussi d'autres sites isolés (Antarctique, bateaux de croisière, plateformes pétrolières), des ONG humanitaires et même... l'Assurance Maladie !
(1) ARTIS: Advanced Robotic Tele-echography Integrated Service