L'exploration lunaire a toujours fasciné l'humanité, mais saviez-vous qu'elle a également marqué un tournant dans l'histoire naturelle de la Lune ? En 1959, la sonde soviétique Luna 2 s'écrasait sur la surface lunaire, devenant ainsi le premier objet fabriqué par l'homme à toucher la Lune. Ce moment historique a marqué le début de ce que certains universitaires nomment "l'Anthropocène lunaire", une ère où les activités humaines commencent à façonner de manière inédite l'environnement lunaire.
Le rover lunaire d'Apollo 17 de la NASA
Ce concept, parallèle à l'Anthropocène terrestre – une époque géologique définie par l'impact significatif des activités humaines sur la Terre –, n'a pas encore de reconnaissance officielle. Néanmoins, il illustre de manière frappante la manière dont l'humanité modifie la planète. De la chasse des espèces à l'extinction à la pollution atmosphérique en passant par la lumière artificielle et la déforestation, les preuves de notre empreinte sur la Terre sont indéniables.
Dans ce même esprit, ces académiciens soutiennent que l'homme est également devenu la force dominante dans la formation de l'environnement lunaire. Bien qu'aucun humain ne vive de manière permanente sur la Lune, ils argumentent que l'Anthropocène lunaire a commencé avec l'arrivée fracassante de Luna en 1959. Depuis, nous avons modifié le régolithe lunaire, laissé des atterrisseurs, des drapeaux, des expériences scientifiques, des balles de golf et même des déchets humains.
Justin Holcomb, archéologue à la Kansas Geological Survey, plaide pour la reconnaissance de l'Anthropocène lunaire afin de prévenir des dommages massifs ou un retard dans sa reconnaissance. Selon lui, les missions lunaires éparpillées pourraient marquer le début de changements bien plus radicaux. L'humanité envisage d'envoyer une nouvelle vague de missions sur la Lune, dans l'espoir d'établir une présence durable et d'exploiter ses ressources.
Holcomb pense que l'exploration spatiale sur la Lune devrait être protégée comme un patrimoine culturel. Il affirme que la reconnaissance de l'Anthropocène lunaire est essentielle pour préserver ces artefacts. Selon lui, "le concept d'Anthropocène lunaire vise à sensibiliser et à susciter la réflexion concernant notre impact sur la surface lunaire, ainsi que notre influence sur la préservation des artefacts historiques".
Les auteurs ont publié leur idée sous forme de commentaire dans la revue
Nature Geosciences le 8 décembre.