Dans les ruches d'abeilles mellifères, un phénomène étonnant se produit régulièrement: les ouvrières peuvent se retourner contre leur propre reine pour la remplacer lorsqu'elles la jugent trop faible. Cette pratique, appelée supersédure, joue un rôle clé dans la survie des colonies sauvages mais pose des problèmes pour l'apiculture moderne, où la stabilité des ruches est essentielle pour la pollinisation des cultures et la production de miel.
Des chercheurs de l'Université de la Colombie-Britannique ont découvert que les infections virales sont souvent à l'origine de ces révoltes. En étudiant des reines infectées, ils ont constaté que leurs ovaires rétrécissaient, ce qui réduisait considérablement leur capacité à pondre des œufs. Une reine en bonne santé peut pondre jusqu'à 3 200 œufs par jour, dépassant son propre poids corporel, mais une reine malade voit sa production chuter. Cette baisse de fécondité s'accompagne d'une diminution de la production de méthyl oléate, une phéromone qui maintient normalement la loyauté des ouvrières.
La reine est ici marquée.
Image d'illustration Pixabay
Lorsque le niveau de méthyl oléate baisse, les ouvrières perçoivent cette diminution comme un signal d'alerte. Elles commencent alors à élever une nouvelle reine dans des cellules spéciales en forme de cacahuète, appelées cellules de supersédure. Cette coordination collective permet à la colonie de remplacer rapidement une dirigeante défaillante, mais dans les ruches gérées par les apiculteurs, ce processus peut entraîner des interruptions dans la ponte, affaiblir la population de la colonie et réduire les activités de pollinisation.
Les apiculteurs signalent depuis des années que l'échec des reines est une cause majeure de pertes hivernales. Les infections virales, souvent propagées par les acariens varroa, perturbent l'équilibre chimique de la ruche. Pour contrer ce problème, les chercheurs ont testé des mélanges de phéromones synthétiques incluant du méthyl oléate. Dans des essais sur le terrain, les colonies recevant ce supplément étaient beaucoup moins susceptibles d'élever de nouvelles reines, offrant ainsi une solution potentielle pour stabiliser les ruches pendant les périodes critiques.
Bien qu'il n'existe actuellement aucun traitement direct contre les virus dans les ruches, une meilleure gestion des parasites peut offrir aux reines une meilleure chance de rester en bonne santé. Les abeilles pollinisent environ un tiers des cultures mondiales, ce qui rend leur bien-être important pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes.
L'impact des acariens varroa sur la santé des abeilles
Les acariens varroa sont des parasites externes qui s'accrochent au corps des abeilles et se nourrissent de leur hémolymphe, l'équivalent du sang chez les insectes. Ces parasites affaiblissent les abeilles en leur transmettant divers virus pathogènes.
Parmi ces virus, certains ciblent spécifiquement les organes reproducteurs des reines, provoquant une atrophie des ovaires. Cette atteinte réduit la capacité de ponte et perturbe la production de phéromones royales.
Les apiculteurs doivent donc mettre en place des stratégies de contrôle rigoureuses, comme l'utilisation de traitements acaricides ou de méthodes biologiques, pour maintenir les populations de varroa à un niveau acceptable et protéger la santé globale de la ruche.