La quantification précise des décès liés à la chaleur représente un enjeu majeur pour la santé publique. Une étude parue dans
Nature Medicine apporte une analyse détaillée pour les étés 2022 à 2024. Elle s'appuie sur l'analyse de données de mortalité quotidiennes, une méthode plus fine que les estimations hebdomadaires utilisées auparavant. Cette approche a permis de développer un système d'alerte précoce performant.
Un bilan humain accablant
L'été 2024 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Les chercheurs estiment à 62 775 le nombre de décès associés à la chaleur sur cette période. Ce bilan est inférieur à celui de l'été 2022 mais supérieur de 24% à celui de 2023. Cette variabilité s'explique par l'intensité et la localisation des vagues de chaleur.
Les pays du sud de l'Europe paient le plus lourd tribut. L'Italie et la Grèce présentent les taux de mortalité les plus élevés. La vulnérabilité de ces régions est accentuée par leur démographie et leurs conditions socio-économiques. La chaleur affecte particulièrement les populations âgées de plus de 75 ans.
Les femmes sont significativement plus touchées que les hommes. Les différences physiologiques et les facteurs sociaux pourraient expliquer cet écart. Les personnes souffrant de pathologies cardiaques ou respiratoires préexistantes constituent les autres groupes à haut risque. Leur organisme supporte moins bien la charge supplémentaire induite par la chaleur.
Une innovation dans la prévision des risques
Le système Forecaster.health repose sur une méthode intégrant plusieurs sources de données. Il combine des prévisions météorologiques détaillées avec des indicateurs locaux de vulnérabilité sociale et sanitaire. Cette approche permet d'évaluer l'impact potentiel d'une vague de chaleur sur une population spécifique.
La méthode utilise des modèles épidémiologiques calibrés sur des données de mortalité quotidienne historiques. Ces modèles établissent une relation précise entre les températures observées et les décès survenus par le passé. Ils sont ensuite appliqués aux prévisions de température pour anticiper la mortalité future.
Les chercheurs ont testé la fiabilité du système sur les données des étés 2022 à 2024. Les résultats montrent une capacité à prédire les urgences sanitaires avec une grande précision jusqu'à sept jours à l'avance. La performance est particulièrement robuste en Europe du Sud, une région très vulnérable.
Cette avancée méthodologique offre une fenêtre d'action pour les autorités de santé publique. Elle transforme une simple prévision météo en un outil opérationnel de gestion de crise. L'objectif est de permettre des interventions ciblées pour protéger les populations les plus à risque.
Pour aller plus loin: Comment la chaleur excessive affecte-t-elle le corps humain ?
Face à une chaleur intense, l'organisme active deux mécanismes principaux pour maintenir sa température interne. Le rythme cardiaque s'accélère pour irriguer la peau et favoriser la dissipation de la chaleur. La transpiration permet aussi un refroidissement par évaporation.
Ces processus sollicitent fortement les systèmes cardiovasculaire et respiratoire. Pour une personne fragile, cette charge supplémentaire peut devenir critique. Le corps, tel un ordinateur en surchauffe, peut voir ses fonctions vitales se dégrader.
Le risque principal est le coup de chaleur, une défaillance du système de régulation thermique. Il s'ensuit une déshydratation et un épaississement du sang. Ces phénomènes peuvent provoquer des infarctus, des AVC ou l'aggravation de maladies chroniques.